Mon accouchement à "Manala"

Publié le 7 Novembre 2017

A 22h le 8 août 2017, après déjà 21h de contractions (lire 1ère partie ici), nous sommes arrivés à Manala (le nom de la maison de naissance, qui signifie « petit homme » en alsacien).

Chéri m’a déposé devant la porte et est allé garer la voiture. Manala étant au 1^er étage de ce bâtiment de la maternité de Sélestat, j’ai pris l’escalier avec tous mes sacs. J’ai dû m’arrêter au milieu pour gérer une contraction, et là j’ai éclaté de rire en réalisant que je n’avais même pas pensé à prendre l’ascenseur. Sportive jusqu’au bout !

A Manala, il y a deux chambres pour les accouchements, et nous nous sommes installés dans la rose. J’aurais préféré la bleue, mais elle était déjà occupée. Ce n'est pas grave, la rose est très agréable aussi!

Envahie par les hormones, je n'ai pas trop vu le temps passer. Avec la lumière douce, le disque de théorbe que nous avons mis, et surtout les bras de mon chéri, je me sentais bien, et forte pour gérer les contractions. Elle me tirait au niveau du bas ventre, donc ce qui me soulageait était toutes les positions plutôt en arrière. La sage-femme a proposé que j’essaye à un moment de m’asseoir sur le ballon, en posant le buste sur le lit, tandis que mon chéri me faisait un massage. C’était vraiment reposant et agréable, mais quand la contraction arriva, ce fut l’horreur. Je n’ai plus essayé ensuite de position en avant, car c’était vraiment trop douloureux.

J'ai beaucoup crié, mais c'était bizarre, c'était comme si mon corps hurlait, mais moi j'allais très bien. J’avais abandonné tout contrôle, et laissait mon corps faire ce dont il avait besoin. Bien sûr j'avais mal, mais j'étais tellement dans un état second avec les hormones que ce n'était pas grave...enfin encore une fois, c'est dur de trouver les mots pour l'expliquer, tellement c'était un ressenti étrange. Je pense ne jamais avoir autant crié dans ma vie, je n’aurai jamais imaginé le faire, mais franchement ça faisait vraiment du bien…

Par contre, je me sentais mal pour la future maman qui occupait l’autre chambre, qui avait perdu les eaux mais dont le travail n’avait pas encore débuté…. D’une chambre à l’autre je pense qu’on n’entendait rien, mais dans la salle de bain commune séparant les deux pièces, à mon avis…Donc à chaque fois qu’elle allait aux toilettes, elle devait m’entendre hurler, et ça ne devait pas la rassurer sur ce qui l’attendait la pauvre…Mais tout en en étant consciente, je n’arrivais malheureusement pas à contrôler mes cris…

A un moment, j’ai eu l'impression d'être partie, et de revenir d'un coup, je n’aurai pas su dire ce qui c’était passé avant: j’étais allongé sur le lit, couché confortablement contre mon chéri assis derrière moi. Les contractions s'enchaînaient sans interruption, je criais, sanglotais, tremblais et sentais des fourmis dans tout mon corps. J'’étais en train de voir défiler ma vie, enfin plus précisément toutes les choses qui ont été difficiles dans ma vie. J’avais perdu tout contrôle, et quelque part très loin j’entendais, ma sage-femme dire doucement à mon chéri: "On dirait qu'elle en avait des choses à évacuer!". Ça a été le moment le plus étrange de mon accouchement...pourquoi ces souvenirs, là, à ce moment précis?...

Puis je suis revenue à moi, et j’ai pensé "Mais chic, ça devait être la phase de désespérance, petit bébé doit être sur le point d'arriver!". Déception cruelle, ce n'était pas le cas. Je crois qu’il était 3h du matin, et la sage-femme m’a examinée. Elle n’a rien dit, ce n’est que plusieurs jours après qu’elle m’a avoué qu’alors j’étais seulement à 3cm…

Les contractions se sont calmées, et repassées à une toutes les 10min. J’ai paniqué, pensant qu'à cause de la fatigue, le travail était en train de se stopper, et que j’allais devoir être transférée car je n’arriverai pas à accoucher. Epuisée, je me suis alors endormie entre chaque contraction.

Le travail a fini par reprendre, mais je n’arrivais plus à gérer les contractions, donc on a fait couler un bain qui m’a soulagée. Le petit matin a fini par arriver, je n’en pouvais plus, et j’avais très peur que la fatigue m’empêche d’y arriver…Les sensations ont changé, j’ai senti que la tête de la petite puce était en train de se frayer son chemin dans le bassin. J’ai commencé à perdre du sang, la douleur est devenue plus intense. Je ne sais pas combien de temps ça a duré, puis ma sage-femme est allée en chercher une autre pour enfin la phase finale !

Elles ont installé le monitoring pour surveiller l’état de bébé pendant la poussée, et pouvoir faire le nécessaire au moindre signe de problème. Mais il ne tenait pas bien quand j’étais debout (position que j’avais adoptée pour toutes les dernières contractions). Elles m’ont donc demandé de m’allonger sur le côté, et c’est comme ça que ma puce est née. Je n’ai pas eu à réfléchir pour pousser, cela se faisait tout seul, je n’aurai pas pu le retenir. J’avais l’impression que la tête du bébé était une boule de feu qui me déchirait tout l'intérieur. Le pire était qu'à chaque poussé je voulais en finir, puis je sentais la contraction passer, et je n'avais plus qu'à attendre la suivante, cela m’a semblé interminable! (alors qu'en fait elle est sortie en 4 poussées quelque chose comme ça). J’ai cru une première fois que ça y est la tête de la puce était sortie, mais non je venais juste d’enfin perdre les eaux! Un peu plus et je faisais un bébé coiffé !

Ça y est, elle était là ! Armine, 51,5cm et 3kg340 est entrée dans le monde le 9 août 2017 à 10h01 très exactement. On l’a posée sur moi, où elle m’a presque immédiatement couverte de méconium…ça a un peu gâché le peau à peau, car j’avoue que du coup très rapidement j’ai préféré filer dans la douche !

Pour finir, elle n’a pas tout cassé sur son passage, je n'ai eu que 3 minuscules points de sutures, qui m’ont à peine gênés et que je n’ai plus du tout senti au bout d’une dizaine de jours. Je reste persuadée que ça aurait été bien pire si je ne m’étais pas préparée avec l’Epi-No, et je pense aussi que je n’aurai pas du tout déchiré si je n’avais pas été aussi épuisée à la fin. Allez faire n’importe quel étirement après 2 nuits blanches, 33 heures de contractions et un accouchement, ça m’étonnerait que ça ne finisse pas au moins avec une élongation, relaxine ou pas !

J'ai pris du temps pour réussir à décrire tout ça, à me rappeler de tout...Car autrement, le souvenir qui prédomine, c'est cette douceur et cette tendresse avec mon chéri, la chaleur de l'éclairage doux, la quiétude de la musique, la confiance et le soutien que m’a apporté ma sage-femme...La douleur, la fatigue, tous les aspects « techniques », etc, ce n'est que si je creuse comme ici pour témoigner en détail, ce n'est pas ce que je retiens de ce moment si particulier. Le pouvoir des hormones et du corps est quelque chose de fou, la nature est vraiment bien faite. Et le pire, c’est qu’à peine trois mois après, je crois pouvoir dire sans mentir que je me sentirais tout à fait capable de revivre tout cela demain. Bon j’espère quand même que s’il y aura bébé deux, il mettra moins longtemps pour faire son petit voyage !

C'est tellement étrange de me dire que cette adorable petite personne qui se retrouve à partager nos vies était dans mon ventre!